Interview : « Les générations actuelles sont réfractaires parce que les conditions de travail sont difficiles »

Laurent Carot* occupe un poste de préparateur de commandes dans une entreprise de logistique depuis 2018.

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Découverte du métier

 

Katia Auvergne : Bonjour Laurent, pourrais-tu nous présenter ton métier ?

Laurent CAROT : Dans ma société actuelle, je prépare les commandes destinées à être expédiées dans différents magasins. J’utilise un système de vocal, appareil qui me permet de savoir dans quel emplacement je dois prendre les produits, je les dépose proprement sur ma palette et je la filme à l’aide de papier transparent afin de la sceller. Je la dépose à quai et cette dernière sera ensuite chargée dans un camion et expédiée.

 

KA : Quelles sont les raisons qui t’ont conduit à exercer ce métier ? ;

LC : Malheureusement, par défaut on prend le premier métier qui vient, je ne l’ai pas fait pas envie mais davantage par besoin financier. C’est un métier facile d’accès qui ne nécessite pas de formation ou de diplôme spécifique.

KA : Quelles sont selon toi les compétences rares de ton métier ?

LC : Il faut être méthodologique et organisé afin de pouvoir monter les palettes rapidement et proprement. Si nous ne le sommes pas, cela nous fait perdre beaucoup de temps. Il faut aussi être dynamique, notamment parce qu’il y a une cadence à respecter et une prime de rendement.

 

Point de vue personnel

 

KA : A ton avis, pourquoi certains postes ont-ils des difficultés à être pourvus ?

LC : Il y a des difficultés à recruter parce que ce n’est pas un métier facile :

  • Salaire : Les salariés sont au SMIC, c’est donc peu attractif.
  • Pénibilité : Il y a du port de charges lourdes à répétition.
  • Rythme de travail : Il est très soutenu, il y a une pression des délais pour ne pas subir de retards de livraison.

 

KA : Pour toi, en quoi l’image de l’entreprise peut-elle avoir un impact sur le recrutement ?

LC : L’ambiance est importante, un climat social tendu va nécessairement attirer moins de monde. Dans certaines entreprises, les chefs d’équipe mettent beaucoup de pression ce qui rend les conditions de travail moins agréables.

 

Solutions

 

KA : Penses-tu qu’il existe assez de moyens (salons, publicité, communication écoles etc.) mis en œuvre pour promouvoir ces métiers ?

LC : Je trouve que dans les agences d’intérim et Pôle Emploi, ces métiers sont bien mis en avant. En revanche, il y a peu de salons et de communication au sein des écoles sur ce métier. Cela s’explique par le fait que c’est un emploi facilement accessible sans diplôme.

KA : A ton niveau, quelles solutions pourraient être apportées pour pallier ce manque ?

LC : Je pense qu’il y a plusieurs choses qui pourraient permettre de recruter davantage :

  • Augmenter le taux horaire des préparateurs de commandes ;
  • Mettre en avant la prime de performance ;
  • Faire du bouche-à-oreille autour de soi ;
  • Mettre en place un meilleur matériel pour améliorer les conditions de travail (nouveaux chariots par exemple).

 

Conséquences et avenir

 

KA : En quoi le manque de main-d’œuvre sur le terrain peut-il avoir un impact sur votre organisation du travail ?

LC : On est très souvent dans l’obligation de faire des heures supplémentaires pour pallier le manque de personnel. Cette surcharge de travail engendre beaucoup de fatigue et de pression. Cela crée des tensions entre nous, collaborateurs.

KA : Penses-tu que les nouvelles générations soient réfractaires à exercer ce métier ?

LC : En effet, elles sont réfractaires parce que les conditions de travail sont difficiles, et les nouvelles générations n’y sont pas habituées. Elles sont très souvent accoutumées à un certain confort et ne souhaitent pas évoluer dans ce milieu professionnel.

KA : Enfin pour conclure, quelles sont les possibilités d’évolution sur ces métiers ?

LC : Il est possible de devenir cariste, puis chef d’équipe après de nombreuses années d’expérience. Je dirais donc que les possibilités d’évolution ne sont pas un atout pour attirer sur les postes de préparateur de commandes.

KA : Merci pour le temps que tu m’as accordé pour discuter de cette problématique.

Propos recueillis le 31 Décembre 2021 par Katia Auvergne, étudiante en Mastère Responsable en management et direction des ressources humaines à l’IGS-RH de Lyon.

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