Les Jeudis de l'IGS-RH - le 18 Novembre 2021 - Portrait de Didier Jouanneau par Ambre Montagut
Monsieur Jouanneau, actuellement consultant pour l’IGS-RH Paris sur le parcours de Mastère International et consultant dans l'intérim de management pour DRH depuis 2017 pour ce qu’il nomme comme étant de l'intérim management, est venu se présenter et nous apporter sa vision de la profession de RH à l’occasion des “jeudis de l’IGS-RH” à Paris.
Ses débuts :
Sa carrière en Ressources Humaines ne fut pas une évidence aux premiers abords. Il a commencé ses études en droit social, ce qui était son domaine de prédilection avant de découvrir les Ressources Humaines . En effet, avec un DEA en droit syndical et relations professionnelles, il commence sa carrière en tant que juriste au sein d’un service RH à une époque très novatrice en matière d’action sociale chez IBM. C’est en 1987 que son DRH lui ouvre les portes des Ressources Humaines pour un poste de généraliste RH dans l'administration et la paie des forces Commerciales et Marketing. Cela représentait près de cinq milles personnes. C’est sur le tas qu’il va apprendre le métier de RH. Il nous a confié qu’à l’époque on “donnait l’opportunité d'apprendre et on se permettait d’embaucher des personnes n'ayant pas le CV parfait”, et c’est une chose qui a résonné chez moi. En entrant à l’IGS-RH Paris, après un master de droit, je n’avais aucune expérience dans le domaine des Ressources Humaines. J'espérais pouvoir trouver une école qui me donne l’opportunité d'allier mon bagage en droit et en sociologie dans l’optique d’avoir un réel impact au sein d’une entreprise. C’est une chose que j’ai su retrouver à l’IGS-RH Paris car ils nous apprennent à mettre en avant notre singularité de parcours et à en faire une force par la profession de RH : finalement il n’y a pas de parcours idéal mais juste des apprenants motivés et travailleurs.
Et ensuite ?
En 1990, Jouanneau entre dans le monde des Compensation & Benefits chez IBM aux Etats-Unis, une profession RH relativement jeune à cette époque. Il travaille alors sur des enjeux stratégiques de l’évolution de la masse salariale et devient le partenaire privilégié de la direction financière, dans un contexte de transformation dont IBM était sujet. Avant les années 90, la politique d’IBM était de ne pas licencier, ainsi, beaucoup de rotations avaient lieu. Soudain, IBM renonce à sa politique de plein emploi et commence à faire des restructurations massives. Ce changement bouleverse totalement les principes fondateurs de la gestion des Ressources Humaines.
Il quitte alors son emploi en 1994, afin de se positionner sur une profession plus opérationnelle, ce qu’il va trouver chez Eurodisney à Marne-la-Vallée en tant que directeur des opérations en Ressources Humaines sous la direction de Michel Perchet. Il parle de cette expérience comme étant très riche de par son arrivée dans cette entreprise au moment d’un changement radical de culture de management. Avant l’arrivée de Michel Perchet, le parc était géré selon le modèle américain et connaissait un “échec total” selon lui, ce dernier va alors révolutionner la politique de recrutement du parc en priorisant l’emploi de saisonniers et de professionnels du recrutement du monde du tourisme. Il fallait "sélectionner les managers de demain”. Son expérience de directeur des opérations m'a ouvert les yeux sur le caractère très concret de la profession de RH. En l'occurrence, il s’agissait de gérer des accidents et énormément de conflits, et ce, quotidiennement. La profession de RH étant très proche de la réalité du terrain, a une influence directe sur le bon fonctionnement d’une journée de travail. J’ai pu me rendre compte de l’importance d’une bonne stratégie mais surtout de la présence de professionnels connaissant l’environnement dans lequel ils évoluent. Un RH doit être capable de comprendre la manière dont chaque employé travaille et en quoi chaque collaborateur est indispensable au développement de l’entreprise. De la même manière, il faut s’intéresser à l’entreprise, connaître son business, ne pas hésiter à se prendre d'intérêt sur certains éléments annexes que la pure expertise. Il faut connaître l’univers concurrentiel de l’entreprise car certaines décisions en Ressources Humaines s’expliquent sous l’angle économique (par exemple, une campagne de recrutement peut être expliquée par le développement de nouvelles technologies chez un concurrent). Le management en Ressources Humaines, c’est aussi faire le lien entre les décisions business et être le premier relais de communication.
En 1998, Monsieur Jouanneau quitte la France pour s’installer à Londres et devient DRH Europe chez Walt Disney company. Il intervient dans la création d’un “hub régional” commun à toutes les sections comprenant Disney Stores, Disney Channel ou encore le business du “licencing”. Son activité va allier le “compensation & benefits”, la valorisation de la mobilité entre les divisions, le talent management ou encore la gestion de la paie. Il restera en poste jusqu’en 2001 au moment où il intégrera Vivendi Publishing en tant que DRH, un an avant que la société soit vendue.
Ce qui m'a marqué ?
L’expérience qui m’a le plus marquée fût celle que Monsieur Jouanneau a eu de 2004 à 2006 en tant que DRH Nestlé France où il nous a expliqué l’importance d’une bonne entente entre un PDG et un DRH. Le PDG en poste était précédemment le patron de Nestlé Mexique, pendant la fermeture de l’usine de Marseille et la relocalisation d’une partie de la production. La différence de management était très importante, menant à un refus de négociation avec les partenaires sociaux et de nombreuses manifestations. Il a mis l’accent sur le caractère primordial du choix des personnes avec lesquelles nous serons amenés à travailler, bien plus que le poste en lui-même. Néanmoins, pour Monsieur Jouanneau il est nécessaire de développer une capacité d’adaptation afin de pouvoir faire preuve de respect, particulièrement en cas de désaccord.
Enfin, il nous a donné plusieurs conseils inspirants, afin de devenir un bon business partner : il faut absolument multiplier les expériences dans des univers différents et il faut travailler l’anglais car même une PME n’est pas à l'abri d’une acquisition par un groupe international. Pour lui, le domaine des Ressources Humaines est en pleine transformation : les entreprises sont de plus en plus internationales et conçoivent de nouvelles manières d’organiser le travail dans l’intention de concevoir le management sans avoir à rencontrer les collaborateurs. Il conseille également d’améliorer l’investissement de la direction dans la responsabilité sociétale de l’entreprise. Un grand merci à Monsieur Jouanneau pour nous avoir accordé une partie de son temps et de nous avoir exposé sa vision de la profession de RH, ce qui fût pour mes collègues et moi très éclairant.
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