Les difficultés de recrutement sont liées au fait que de nombreux domaines de l’informatique sont nouveaux

César PICHON occupe le poste de Développeur au sein d’un Service Informatique dans une administration publique depuis trois ans. Auparavant, il a validé un diplôme d’ingénieur. Ses compétences dans le domaine du design, de l’intégration, et du graphisme font de lui un professionnel accompli. César partage avec nous ses connaissances et propose des pistes pour les nouvelles générations.

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LM : Quelles sont les compétences « rares » de vos métiers informatiques ? Sont-elles transférables sur d’autres postes ?

CP : Les compétences rares de nos métiers sont intimement liées aux profils. Certains informaticiens vont être spécialisés dans des techniques très pointues, et d’autres profils comme moi aiment toucher à tout. A titre d’exemple, j’ai un profil très polyvalent : je fais du développement, de la maintenance, de l’intégration, du graphisme, du design. C’est ce qui me plaît dans ce métier ! On peut parler de rareté des compétences dans le sens où les personnes qui ont un haut niveau de maîtrise sont dures à dénicher. Il s’agit de trouver la perle rare pour le bon poste.

L.M. : Selon vous, pourquoi certains postes ont des difficultés à être pourvus ?

CP : Selon moi, certains postes ont des difficultés à être pourvus car de nombreux domaines de l’informatique sont nouveaux. Il y a peu de formations existantes, comme notamment dans le domaine de la cybersécurité qui émergeait tout juste il y a dix ans. Les difficultés de recrutement se concentrent aussi sur le milieu de la Big data : beaucoup d’étudiants passionnés de jeux vidéo se lancent dans des carrières informatiques. Si nous allions dans un collège pour demander ce que les élèves veulent faire plus tard, cela m’étonnerait que beaucoup citent le Big data ! Les métiers informatiques sont peu connus.

LM : En quoi l’image de l’entreprise peut-elle avoir un impact sur le recrutement ?

CP : L’image peut avoir un impact considérable sur le recrutement. Les valeurs et les motivations des candidats définissent leurs choix d’entreprise. Cela peut faire rêver de travailler chez les GAFAM (Google, Amazon, Facebook, Apple, Microsoft) pour leur prestige. Alors qu’à titre personnel, cela n’est pas en accord avec mes valeurs pour des questions d’éthique. Nous pouvons citer le scandale sur la gestion des données des utilisateurs.

 


 

Solutions

LM : Quelles actions sont mises en place pour recruter sur vos métiers ?

CP : Au niveau financier, une prime informatique mensuelle a été mise en place pour compenser l’écart de salaire entre public et privé sur des offres similaires. Cette solution n’est pas suffisante. Le recrutement est difficile et il y a un turnover important. Auparavant, les managers qui n’avaient pas de connaissances techniques menaient les entretiens de recrutement. Maintenant, les référents techniques participent aux entretiens, ce qui permet d’améliorer la qualité des recrutements. Nous avons aussi la chance d’avoir le soutien d’un service ressources humaines de proximité pour nous aider dans nos recrutements

LM : A votre niveau, quelles solutions apporter pour pallier ce manque ?

CP : La solution court-terme pour pallier ce manque serait de mettre en adéquation l’offre et la demande sur le marché de l’emploi, il y aurait moins de pression. Une des solutions est le plan numérique à l’école. Il a été mis en place entre 2015 et 2018

 


 

Conséquences et avenir

LM : Pensez-vous que les nouvelles générations sont réfractaires à exercer certains métiers informatiques ? Si oui, pourquoi ?

CP : Je pense que oui. Certains postes ne font pas rêver, notamment dans la sécurité. C’est pourquoi les Entreprises du Service Numérique (ESN) compensent par des salaires élevés. Les nouvelles générations sont réfractaires à exercer certains métiers informatiques. Il y a un effet d’inertie des formations qui mettent du temps à s’adapter aux nouvelles évolutions. Jusqu’à peu, les filières étaient beaucoup orientées sur le développement. Aujourd’hui, c’est plutôt le Big data qui est à l’honneur. Le milieu de l’informatique va très vite, plus vite que les personnes qui doivent s’y adapter !

LM : Quelles sont les possibilités d’évolution sur ces métiers ?

CP : Les possibilités d’évolution sur ces métiers seraient de faire plus de sécurité informatique, d’intelligence artificielle, de design. Pour moi, il est primordial d’encourager la transversalité. Cela serait une belle opportunité pour éviter de tomber dans l’écueil du cliché de l’informaticien qui reste derrière son ordinateur. Il y a tant de métiers, de projets et de compétences à développer

 

Propos recueillis par Lola MALLET, étudiante en Mastère Responsable en Management et Direction des Ressources Humaines à l’IGS-RH Lyon - avril 2021

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